18 juin 2011

Vers La Cinquième Extase







Vers La Cinquième Extase

Au début, le Grand Esprit dormait dans le rien
Son sommeil durait depuis l'Éternité
Et puis soudain
Nul ne sait pourquoi, dans la nuit il fit un rêve
En lui, gonfla un immense désir
Ce fut le tout premier rêve, la toute première route
Longtemps, la lumière chercha son accomplissement, son extase
Quand finalement elle trouva
Elle vit que c'était la transparence
Et la transparence régna





Mais voilà qu'à son tour
Ayant exploré tous les jeux de couleurs
Qu'elle pouvait imaginer
La transparence s'emplit du désir d'autre chose
A son tour elle fit un rêve
Elle qui était si légère, elle rêva d'être lourde
Alors apparut le caillou
Et ce fut le deuxième rêve, la deuxième route
Longtemps, le caillou chercha son extase, son accomplissement
Quand finalement il trouva, il vit que c'était le cristal
Et le cristal régna




Mais à son tour ayant exploré
Tous les jeux lumineux de ses aiguilles de verres
Le cristal s'emplit du désir d'autre chose qui le dépasserait
A son tour il se mit à rêver
Lui qui était si solennel, si droit, si dur
Il rêva de tendresse, de souplesse et de fragilité
Alors apparut la fleur
Et ce fut le troisième rêve, la troisième route
Longtemps la fleur, ce sexe de parfum
Chercha son accomplissement, son extase
Quand enfin elle trouva, elle vit que c'était l'arbre
Et l'arbre régna sur le monde



Mais tu connais les arbres
Il n'y a pas plus rêveurs qu'eux
L'arbre, à son tour fit un rêve
Lui qui était si ancré à la terre
Il rêva de la parcourir librement, follement
De vagabonder au travers d'elle
Alors apparut le ver de terre
Et ce fut le quatrième rêve, la quatrième route
Longtemps le ver de terre chercha son accomplissement, son extase
Dans sa quête, il prit tour à tour la forme du porc-épic
Du puma, de l'aigle, du serpent à sonnette





Longtemps, il tâtonna et puis un beau jour
Dans une immense éclaboussure
Au beau milieu de l'océan...
Un être très étrange surgit
En qui toutes les animaux de la terre
Trouvèrent leur accomplissement
Et ils virent que c'était la baleine
Longtemps cette montagne de musique régna sur le monde
Et tout aurait pu peut-être en rester là
Car c'était très beau






Seulement voilà,
Après avoir chanté pendant des lunes et des lunes
La baleine à son tour ne put s'empêcher de s'emplir d'un désir fou
Elle qui vivait fondue dans le monde, rêva de s'en détacher
Alors brusquement, nous sommes apparus, nous les hommes
Car nous sommes le cinquième rêve, la cinquième route
En marche vers le cinquième accomplissement, la cinquième extase
Dans la moindre couleur, toute la lumière est enfouie
Dans tout caillou du bord du chemin, il y a un cristal qui dort
Dans le plus petit brin d'herbe, sommeille un baobab
Et dans tout ver de terre, se cache une baleine
Quant à nous, nous ne sommes pas "le plus bel animal"
Nous sommes le rêve de l'animal
Et ce rêve est encore inaccompli...

Swift Deer, Shaman Navajo